Une nouvelle recherche remet en question l'utilité et la pertinence du gaz de schiste comme source d'énergie soi-disant propre.
Selon des résultats préliminaires qui ont été présentés à une conférence de l'Union géophysique américaine le mois dernier, les puits de gaz de schiste de la vallée Uinta, en Utah, affichaient 9% de taux de fuite.
Cette nouvelle recherche, réalisée par deux chercheurs de l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère (NOAA), va dans le sens d'une autre réalisée en 2008 au Colorado, mais utilise une méthode différente.
Les résultats n'ont pas encore été publiés, mais la revue scientifique britannique Nature les évoque dans un article daté du 2 janvier.
La question des fuites est cruciale pour la filière du gaz de schiste. L'industrie affirme que le taux de fuite est beaucoup plus bas et que, par conséquent, le gaz de schiste peut avantageusement remplacer le charbon dans les centrales thermiques ou même le diesel dans les camions.
Déjà, aux États-Unis, le gaz est en train de remplacer le charbon à une grande échelle. Pour la première fois l'an dernier, les deux sources d'énergie étaient à égalité pour la production d'électricité, à environ 96 millions de mégawattheures.
Cependant, selon une étude réalisée par l'Université Princeton et citée par Nature, si le taux de fuite du système d'extraction et de distribution du gaz de schiste dépasse les 3,2%, ce dernier ne comporte aucun avantage sur le charbon.
Officiellement, l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) estime que le taux de fuite pour toute la chaîne de production et de distribution de gaz est de 2,4%.
Le gaz demeure un carburant plus propre que le charbon en ce qui concerne les émissions de mercure et de polluants précurseurs du smog. Cependant, le méthane, principale composante du gaz, est un gaz à effet de serre (GES) au moins 25 fois plus puissant que le gaz carbonique (CO2).
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Blanchet biaisé, accusent les libéraux
Le gouvernement péquiste s'oppose au gaz de schiste avant de connaître le contenu de l'étude environnementale stratégique, dénonce l'opposition libérale. «Le gaz de schiste aussi polluant... Science accablante, technologies incertaines, acceptabilité sociale absente», a écrit samedi sur Twitter le ministre du Développement durable, Yves-François Blanchet.
Son gazouillis incluait un lien vers un compte rendu d'une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature (voir autre texte). «Je suis favorable à toute approche basée sur la science. Rien ne milite présentement pour le gaz de shale, pas même l'économie», a ajouté plus tard le ministre sur Twitter. Québec attend encore le résultat de son étude environnementale stratégique sur le gaz de schiste. «Ce n'est pas la première fois qu'un ministre péquiste sort publiquement sur un dossier important avant même d'avoir les conclusions des études», a réagi Pierre Paradis, critique libéral en matière d'énergie. Il accuse le ministre de «nuire aux marchés».
- Paul Journet
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