La civilisation MayaParmi les civilisations classiques de la Méso-Amérique, le peuple maya est probablement le mieux connu. Originaire du Yucatán aux environs de l'an 2600 avant l'ère chrétienne, il a atteint son apogée autour des années 250 apr. J.-C. sur le territoire délimité aujourd'hui par le sud du Mexique, le Guatemala, le nord de Belize et l'ouest du Honduras.
S'inspirant des découvertes et des idées qu'ils ont héritées des civilisations plus anciennes comme celle des Olmèques, les Mayas ont maîtrisé l'astronomie, mis au point des calendriers perfectionnés et inventé une écriture hiéroglyphique. Cette civilisation s'est aussi distinguée par son architecture cérémoniale, prodigue de détails et d'ornements, et notamment par ses temples-pyramides, ses palais et ses observatoires, tous construits sans outils de métal. Habiles fermiers, les Mayas défrichaient de vastes étendues de forêts tropicales et bâtissaient, là où l'eau de surface était rare, d'immenses réservoirs souterrains d'eau de pluie. Ils savaient aussi fabriquer tissus et poterie et tracer des routes parmi les jungles et les marais pour tisser de vastes réseaux d'échanges commerciaux avec des peuples lointains.
Vers 300 av. J.-C., les Mayas ont adopté un systèmede gouvernement hiérarchique où l'autoritéétait exercée par les nobles et les rois. Desroyaumes hautement structurés sont apparus au cours de lapériode classique, de 200 à 900 apr. J.-C. Lasociété était constituée de nombreuxÉtats indépendants, comportant chacun unecommunauté agricole rurale et de grandes villeédifiées autour de centres cérémoniels. Le déclin de la civilisation maya a commencé vers 900 apr. J.-C. quand - pour des motifs encore largement ignorés - les Mayas du sud ont abandonné leurs villes. Lorsque les Mayas du nordse sont intégrés à la société toltèque vers 1200 apr. J.-C., la dynastie maya a disparu. Certains centres périphériques ont cependant continué à prendre de l'essor jusqu'à la Conquête espagnole du début du XVIe siècle.
On peut dire de l'histoire maya qu'elle est caractérisée par des cycles de grandeur et de décadence : des cités florissaient, puis connaissaient un déclin et étaient remplacées par d'autres. On peut également la considérer comme marquée à la fois par la continuité et le changement, déterminés par une religion qui demeure le fondement de leur culture. Pour ceux qui continuent de respecter les traditions mayas anciennes, la croyance dans l'influence du cosmos sur l'existence humaine et dans la nécessité de rendre hommage aux dieux par des rites continue de s'exprimer dans une foi hybride, à la fois chrétienne et maya.
Chronologie de la civilisation mayaL'évolution de la culture maya
Olmèques 1200-1000 av. J.-C.
Mayas du Préclassique ancien 1800-900 av. J.-C.
Mayas du Préclassique moyen 900-300 av. J.-C.
Mayas du Préclassique récent 300 av. J.-C. - 250 apr. J.-C.
Mayas du Classique ancien A.D. 250-600 apr. J.-C.
Mayas du Classique récent A.D. 600-900 apr. J.-C.
Mayas du Postclassique A.D. 900-1500 apr. J.-C.
Période coloniale A.D. 1500-1800 apr. J.-C.
Mexique indépendant 1821 apr. J.-C. - aujourd'hui
av. J.-C.
11 000
Les premiers chasseurs-cueilleurs s'établissent dans les hautes terres et les basses terres mayas.
3114 ou 3113
Création du monde, date de départ du calendrier maya.
2600
Début de la civilisation maya.
2000
Essor de la civilisation olmèque de laquelle sont nés de nombreux aspects de la culture maya. L'agriculture paysanne se développe dans toutes les régions mayas.
700
Naissance de l'écriture en Méso-Amérique.
400
Premiers calendriers solaires gravés dans la pierre; toutefois, le calendrier solaire était peut-être connu des Mayas, et utilisé avant cette date.
300
Les Mayas adoptent l'idée d'une société hiérarchique dominée par les nobles et les rois.
100
Fondation de la ville de Teotihuacán qui, pendant des siècles, sera le centre culturel, religieux et commercial de la Méso-Amérique.
50
Construction de la ville maya de Cerros où est érigé un complexe de temples et de terrains de jeu. La ville est abandonnée pour des raisons inconnues 100 ans plus tard et les gens redeviennent pêcheurs et fermiers.
apr. J.-C.
100
Déclin des Olmèques.
400
Les hautes terres mayas tombent sous l'emprise des habitants de Teotihuacán, une conquête qui marque, dans certaines parties des hautes terres, le début de la désintégration de la culture et de la langue mayas.
500
La ville maya de Tikal devient la première grande ville maya au fur et à mesure que s'y installent les citoyens de Teotihuacán qui y introduisent les notions nouvelles de capture, de rituel, de sacrifice humain et d'armement.
600
Un événement inconnu détruit la civilisation à Teotihuacán et l'empire sur laquelle elle était fondée. Tikal devient la première cité-état de la Méso-Amérique comptant 500 000 habitants dans la ville même et l'arrière-pays.
683
Mort de l'empereur Pacal à l'âge de 80 ans; il est enterré dans le Temple des Inscriptions à Palenque.
751
Début de la rupture des anciennes alliances mayas. Le commerce décline entre les cités tandis que s'intensifient les conflits entre les états mayas.
869
Fin de la construction à Tikal marquant le début du déclin de la ville.
899
Abandon de Tikal.
900
Fin de la période classique de la civilisation maya due à l'effondrement des villes situées dans les terres basses du Sud. Les villes du Nord du Yucatán continuent à prospérer.
1200
Début de l'abandon des villes mayas situées dans le Nord.
1224
Abandon de la ville de Chichén Itzá par les Toltèques. Le peuple connu sous le nom de Uucil-abnal, qui s'appellera plus tard Itzá, s'installe dans la ville dévastée.
1244
Abandon de Chichén Itzá par le peuple Itzá pour des motifs inconnus.
1263
Le peuple Itzá commence à construire la ville de Mayapán.
1283
Mayapán devient la capitale du Yucatán.
1441
Éclatement d'une rébellion à Mayapán; la ville sera abandonnée en 1461. Peu après, le royaume uni du Yucatán se désintègre au profit de seize états rivaux qui aspirent chacun à devenir le plus puissant.
1511
Un Espagnol dénommé Gonzalo Guerrero fait naufrage et échoue sur la rive est du Yucatán. Renonçant aux traditions de son peuple, il se fait tatouer le visage et percer les oreilles et il épouse une Maya de famille noble. Il deviendra plus tard un ennemi implacable des Espagnols et fera tout en son pouvoir pour aider les Mayas à résister à la domination espagnole au Yucatán.
1517
Premier débarquement des Espagnols sur les rives du Yucatán sous la direction de Hernandez de Cordoba qui mourra plus tard des blessures infligées au cours d'un combat contre les Mayas. Avec l'arrivée des Espagnols se répandent des maladies jusqu'alors inconnues des Mayas dont la variole, la grippe et la rougeole. En moins d'un siècle, 90 pour 100 des populations autochtones de la Méso-Amérique en mourront.
1519
Début de l'exploration du Yucatán par Hernán Cortés.
1524
Rencontre de Cortés avec le peuple Itzá, le dernier des peuples mayas non conquis par les Espagnols. Les Espagnols ne chercheront pas à étendre leur domination sur ce peuple avant le XVIIe siècle.
1528
Début de la conquête des Mayas du Nord par les Espagnols sous la direction de Francisco de Montejo. Les Mayas se défendent avec une vigueur surprenante et réussissent à tenir les Espagnols à distance pendant plusieurs années.
1541
Victoire des Espagnols contre les Mayas qui cessent toute résistance. Les Mayas continueront cependant à les harceler sporadiquement jusqu'à la fin du siècle.
1542
Établissement de la capitale de Mérida par les Espagnols au Yucatán.
1695
Découverte accidentelle des ruines de Tikal par le prêtre espagnol Avedaño et ses compagnons, qui s'étaient perdus dans la jungle.
1712
Insurrection des Mayas des hautes terres du Chiapas contre le gouvernement. Ces attaques se poursuivront de façon sporadique jusqu'aux années 1990.
1724
Abolition par la Couronne espagnole du système de l'encomienda conférant aux grands propriétaires terriens espagnols le droit d'imposer aux Mayas le travail forcé sur leurs terres tant qu'ils consentent à convertir les Mayas au christianisme.
1821
Le Mexique déclare son indépendance de l'Espagne. De façon générale, la vie devient plus tolérable pour les Mayas qu'elle ne l'avait été sous le règne espagnol.
1822
Publication à Londres du compte rendu des explorations de Palenque par le pionnier Antonío del Río à la fin du XVIIIe siècle. L'ouvrage suscite un vif intérêt et éveille le désir d'approfondir la connaissance de cette civilisation maya «perdue» et de ses établissements.
1839
Début d'une série d'explorations entreprises dans les régions mayas par le diplomate et avocat américain John Lloyd Stephens et l'artiste britannique doublé d'un talent de topographe, Frederick Catherwood. La civilisation classique maya se révèle pour la première fois aux yeux du monde dans toute sa splendeur.
1847
Insurrection, contre le gouvernement mexicain, des Mayas du Yucatán qui se rebellent contre leurs conditions de vie misérables et contre la cruauté subie aux mains des Blancs. La rébellion, connue sous le nom de Guerre des Castes, connaît un tel succès que les Mayas parviennent presque à s'emparer de toute la péninsule.
1850
Une «croix parlante» miraculeuse dans un village du centre du Quintana Roo prédit l'éclatement d'une guerre sainte contre les Blancs. Soutenus par les armes qu'ils ont reçues des Britanniques au Belize, les Mayas, inspirés d'un zèle messianique, se regroupent en sociétés quasi militaires. Le combat se poursuit jusqu'en 1901.
1860
Nouvelle rébellion des Mayas du Yucatán.
1864
Découverte par des ouvriers creusant un canal sur la côte antillaise du Guatemala d'une plaque de jade portant la date de 320 apr. J.-C. Cette plaque est l'un des objets connus les plus anciens qui montre une date sous forme de hiéroglyphes mayas.
1880
Début d'une nouvelle vague d'intervention gouvernementale dans les habitudes de vie des Mayas qui sont forcés de devenir manœuvres dans les plantations commerciales. De nombreux aspects des méthodes agricoles et des traditions culturelles des Mayas, qui avaient été préservées pendant 4000 ans, s'en trouvent détruits. Des villes jusqu'alors réservées aux Mayas deviennent rapidement un refuge pour les ladinos de races mixtes qui s'approprient les ressources économiques des indigènes et usurpent tous les postes de pouvoir social et économique.
1910
La corruption sans bornes du gouvernement déclenche la révolution mexicaine.
1946
Découverte de la ville maya de Bonampak par le photographe américain Giles Healey qui y est conduit par un Autochtone lacandón habitant non loin de là. Giles Healey devient le premier non-Maya à voir les impressionnantes peintures murales de Bonampak qui jettent la lumière sur de nouveaux éléments de la civilisation maya.
1952
Découverte et excavation, par l'archéologue mexicain Alberto Ruz, de la tombe du prêtre-roi Pacal à Palenque. C'est la première fois qu'une tombe est découverte à l'intérieur d'une pyramide maya. On avait cru jusqu'alors que les pyramides mayas étaient des temples consacrés exclusivement aux cultes religieux ou aux rites cérémoniels.
1962
Première tentative pour répertorier les symboles hiéroglyphiques mayas. Début, dans les basses terres du Sud, du pillage sauvage des tombes mayas et d'autres sites, qui se poursuivra jusque dans les années soixante-dix.
1992
Une femme maya quiché du Guatemala, nommée Rigoberta Menchu, dont une grande partie de la famille a été victime des brigades de la mort et qui s'est fait connaître par sa lutte contre l'extermination des Mayas, remporte le prix Nobel de la paix.
Les peuples, la géographie et les langues La patrie maya, qu'on appelle Méso-Amérique, s'étend sur cinq pays : le Mexique, le Guatemala, le Belize, le Honduras et le Salvador. Certaines découvertes donnent maintenant à penser que le peuple que l'on appelle aujourd'hui les Mayas a en fait migré de l'Amérique du Nord aux hautes terres du Guatemala, peut-être dès 2600 av. J.-C., pour se regrouper en villages d'agriculteurs. La culture maya de la période préclassique est largement inspirée de la civilisation olmèque, qui l'a précédée et qui a culminé vers 1200 av. J.-C.
À l'apogée de la civilisation maya, c'est-à-dire la période classique (200 à 900 apr. J.-C.), les Mayas occupaient pratiquement entièrement un territoire de quelque 311 000 kilomètres carrés qui était divisé en trois grandes zones :
les forêts tropicales humides des basses terres qui s'étendaient du nord-ouest du Honduras au-travers de la région de Petén, au Guatemala, jusqu'au Belize et au Chiapas. C'était là le cœur de la civilisation maya classique, où se trouvaient notamment les villes de Copán, Yaxchilán, Tikal et Palenque;.
les hautes terres du Guatemala et la côte du Pacifique, où l'influence aztèque pendant la période préclassique a provoqué des différences de développement d'ordre culturel entre les Mayas de cette région et ceux de la région centrale ou des basses terres.
le nord de la péninsule du Yucatán où se trouvent les sites de Labná, Chichen Itzá et Uxmal. Les basses terres du nord sont caractérisées par une végétation de broussailles, un sol mince et des eaux de surface peu abondantes. Après la chute des villes-états des terres basses, qui marque la fin de la période classique, les migrations vers le Yucatán, où la culture maya continua de s'épanouir jusqu'à l'arrivée des guerriers toltèques, augmentent.
Les cours d'eau : Une série de cours d'eau prennent naissance dans les montagnes et coulent vers l'océan Pacifique, sur la côte ouest, et vers le golfe du Mexique, dans les basses terres méridionales du Petén. Ces fleuves et rivières servaient de voie de circulation et permettaient de se rendre d'une ville à l'autre en canot. La plupart des villes mayas de la période classique étaient construites près de cours d'eau procurant de l'eau pour la consommation humaine et donnant accès aux routes commerciales. Dans les basses terres du Yucatán, au nord, il n'y a toutefois pas de cours d'eau important.
La forêt pluviale : Si l'on fait exception des hauts sommets volcaniques recouverts de glaciers, la plus grande partie de la Méso-Amérique est recouverte par une dense forêt pluviale. La forêt pluviale est une sorte de serre, procurant chaleur, lumière et eau, et produisant un très grand nombre d'espèces végétales. À l'opposé des riches humus des forêts tempérées, le sol des forêts pluviales est mince et pauvre. Pour survivre, les plantes et arbres tropicaux se sont dotés de racines extrêmement efficaces qui absorbent les substances nutritives des végétaux morts (lesquels se décomposent rapidement à cause de la chaleur et de l'humidité) avant qu'elles ne soient emportées par les eaux.
Le sol : Les meilleurs sols se trouvent dans les vallées des hautes terres du sud, où des éruptions volcaniques ont enrichi la terre. Le climat printanier et les vallées fertiles ont fait de cette région un lieu favorable à la présence humaine en dépit de la menace des volcans. Aujourd'hui, elle abrite la plus grande partie de la population maya.
La famille linguistique maya Même si les peuples de langue maya qui étaient installés dans ces régions se ressemblaient par bien des aspects, leur éparpillement géographique a entraîné l'évolution de plusieurs langues qui sont de souche commune, mais suffisamment différentes les unes des autres pour faire en sorte que les différents groupes d'origine maya ne peuvent plus, aujourd'hui, se comprendre entre eux. Cette divergence linguistique complique d'ailleurs les efforts de traduction des inscriptions hiéroglyphiques retrouvées à l'emplacement des villes-états. Les érudits cherchent encore aujourd'hui à retracer l'évolution des langues mayas et les interprétations diffèrent, bien que l'on convienne généralement que quatre ou cinq groupes linguistiques sont apparus à la période préclassique moyenne (900 à 300 av. J.-C.).
Les anciennes cités mayas Les cités mayas formaient, avec leur arrière-pays agricole, des centres administratifs et rituels. Les grandes cités mayas étaient très populeuses. Au centre même de Tikal par exemple, se dressaient sur 15,6 kilomètres carrés, quelque 10 000 bâtiments, allant des temples-pyramides aux huttes à toit de chaume. On évalue la population de Tikal à plus de 60 000 habitants, une densité beaucoup plus forte que celle d'une ville moyenne d'Europe ou d'Amérique à la même époque.
Une ville maya de la période classique consistait habituellement en une série de plates-formes stratifiées surmontées de structures de maçonnerie qui pouvaient aussi bien être de grands temples-pyramides et des palais que de simples maisons individuelles. Autour de ces structures étaient aménagées de vastes cours ou esplanades. L'architecture maya se caractérisait par l'abondance des sculptures en bas relief et des peintures murales ornant les édifices, qui dénotaient un sens aigu de l'art et de la décoration. Dans les grandes cités comme Tikal, des routes ou des chemins en pierre reliaient parfois les édifices imposants et les grands ensembles entre eux.
Le plus impressionnant des sites mayas est probablement celui de Tikal, au Guatemala. Sur ces photographies, on voit les édifices qui entourent la Grande Place : le temple de Jaguar géant (à droite, circa 700 apr. J.-C.), le temple des Masques (circa 699 apr. J.-C.) et l'Acropole nord. La tombe d'un grand prêtre, enterré avec des centaines d'offrandes, en l'occurrence des vases, du jade, etc., se trouve au cœur du temple de Jaguar géant. Le lieu de culte au haut de l'édifice se trouve au faîte d'une pyramide à neuf paliers.Les cités, rarement disposées sous forme de quadrilatères, semblent s'être développées sans plan préconçu, les temples et les palais ayant été détruits et rebâtis maintes fois au cours des siècles. L'aménagement apparemment arbitraire des cités mayas complique le tracé de leurs frontières. Certaines sont délimitées par des fossés tandis que d'autres sont parfois, quoique rarement, entourées de fortifications. On ne bâtissait pas d'ordinaire de murailles autour des sites, à l'exception de certaines villes récemment découvertes datant de l'effondrement de la civilisation maya où l'on s'était ainsi prémuni contre l'envahisseur.
(à gauche) Voici le "Castillo" (un temple) et une partie de la ville fortifiée de Tulúm (nord du Yucatán, au Postclassique).
(à droite) La pyramide du Magicien, à Uxmal (nord du Yucatán), a une forme particulière. Elle est construite sur une grande plate-forme ovale, mais hormis cette particularité, elle est de la même forme que les temples-pyramides traditionnels. D'après la légende maya, le temple a été créé en l'espace d'une seule nuit par un enfant prodige qui serait devenu le souverain du pays. En réalité, il a peut-être fallu jusqu'à 300 ans pour ériger la structure que l'on observe aujourd'hui puisqu'il s'agit en fait de cinq structures bâties l'une sur l'autre.Les temples-pyramides représentent les plus impressionnants fleurons des cités mayas. Construits de blocs de calcaire taillés à la main, ils surplombaient les bâtiments environnants. Les temples comptaient habituellement une ou plusieurs pièces, mais celles-ci étaient si exiguës qu'elles ne pouvaient servir qu'à la tenue de cérémonies réservées aux initiés. Il y avait une signification symbolique aux alignements des bâtiments cérémoniels.
(à gauche) Le «Couvent» d'Uxmal servait en fait comme une complexe de palais; cet édifice est situé à côté de la pyramide du Magicien.
(à droite) Le «Palais» domine la zone centrale de Palenque. Sis sur un vaste monticule artificiel, ce réseau de galeries et de cours est à peu près de la dimension d'un pâté de maisons standard en Amérique du Nord. Si les temples étaient les structures les plus imposantes, plus nombreux étaient les palais d'un étage, d'aspect semblable, mais aux plates-formes beaucoup plus basses. Ces palais comportaient quelques douzaines de pièces aux murs enduits de plâtre. Souvent, contrairement aux temples-pyramides, une ou deux cours intérieures étaient aménagées dans l'enceinte des palais.
On ne sait pas au juste à quoi servaient ces «palais». Les chefs ou d'autres membres de l'élite y habitaient peut-être, quoique les pièces fussent minuscules et sans confort. Selon les archéologues, il est plus vraisemblable que les nobles aient vécu dans des édifices aujourd'hui disparus. Il se pourrait aussi que des moines, des religieuses ou des prêtres aient vécu dans ces «cellules», bien que l'existence d'ordres ecclésiastiques ou monastiques chez les anciens Mayas ne soit pas attestée.
Dans certaines régions, l'eau souterraine était rare, si bien que l'on fabriquait sans doute, dans de grands centres comme Tikal, de vastes réservoirs pour servir la population durant la saison sèche. De nombreux sites disposaient aussi de terrains de jeux. Certains étaient munis de bains de vapeur, probablement d'origine mexicaine. Devant les grands temples et palais des villes importantes se dressaient habituellement, dans le stuc des terrasses et des esplanades, une multitude de piliers ou de stèles. Ces stèles, parfois placées sur les plates-formes, servaient alors à étayer les temples-pyramides et il n'était pas rare que soient disposés devant elles des autels plats et peu élevés, de forme arrondie.
Parmi les constantes des principes architecturaux figurent la voûte en encorbellement et la crête couronnant le toit. Contrairement aux arches européennes, la voûte n'avait pas de clé, ce qui lui donnait davantage l'apparence d'un triangle étroit que d'une arcade. Bien que cette forme inhabituelle ait parfois été attribuée à la méconnaissance des techniques nécessaires à la fabrication des clés, d'aucuns prétendent qu'il s'agissait d'un choix délibéré. La voûte comportait toujours neuf strates de pierre représentant les neuf strates du monde souterrain; la clé de voûte superposée aurait constitué un élément de plus, étranger à la cosmologie maya.
Le Grand portail, à Labná (sud du Yucatán), est un beau spécimen d'architecture du style puuc. Les architectes ont préféré peut-ê le symbolisme de la voûte maya au fonctionnalisme d'une véritable arche avec clef de voûte.
Le temple du Soleil, à Palenque, a été bâti par Chan-Bahlum («serpent-jaguar»), fils de Pacal, vers 690 apr. J.-C. L'arête de toit n'a pas de fonction structurelle, mais on peut considérer qu'elle ressemble au panache de cérémonie porté par un roi. Le toit mansardé du temple est orné de magnifiques figures en stuc qui font la renommée de Palenque, avec raison d'ailleurs. La crête du toit consistait en un treillis de pierre surmontant la structure, déjà élevée, des temples-pyramides. Peut-être les architectes mayas, craignant que ces temples ne fussent pas assez grandioses, voulaient-ils ainsi les rehausser. La crête était toujours abondamment ornementée de reliefs peints en plâtre, à l'instar des façades des temples. Les entrées, les montants de porte et les façades de nombreux autres bâtiments mayas étaient également décorés d'une multitude de sculptures en bois ou en pierre.
La cosmologie et la religion Les Mayas croyaient en la récurrence des cycles de la création et de la destruction et pour eux les ères duraient, d'après notre système moderne de computation du temps, quelque 5200 ans. Le cycle actuel aurait commencé en 3113 ou 3114 av. J.-C. de notre calendrier et devrait prendre fin en l'an 2011 ou 2012.
Il n'est pas facile, d'après la connaissance que nous avons aujourd'hui de la civilisation maya, d'interpréter leur cosmologie. Il semble évident, toutefois, que les Mayas voyaient la Terre comme une forme plate et carrée. Chacun de ses quatre angles était situé à un point cardinal et était représenté par une couleur : le rouge à l'est, le blanc au nord, le noir à l'ouest et le jaune au sud. Le centre était vert.
Certains Mayas croyaient aussi que le ciel était stratifié et que chacun de ses quatre angles était soutenu par une divinité d'une musculature impressionnante appelée «Bacab». Pour d'autres, le ciel était soutenu par quatre arbres de couleurs et d'espèces différentes, et le ceiba vert, ou liard, se dressait au centre.
Pour les Mayas, la forme aplatie de la Terre représentait le dos d'un crocodile géant reposant dans un bassin rempli de nénuphars. Dans le ciel, le pendant du crocodile était un serpent bicéphale, une notion sans doute attribuable au fait que le vocable maya désignant le ciel ressemble au mot serpent. En caractères hiéroglyphiques, le corps du serpent-ciel est représenté non seulement par son propre signe - barres croisées - mais aussi par ceux du Soleil, de la Lune, de Vénus et d'autres corps célestes.
L'image du visage humain émergeant des mâchoires du serpent est un thème fréquent dans l'art maya. Par contre, dans ce cas, la sculpture du serpent couvert de plumes est une addition subséquente (toltèque) au dessin géométrique de la mosaïque maya. L'image est un élément d'une frise compliquée qui se trouve sur la façade occidentale du «Couvent», à Uxmal. Le ciel était composé de 13 strates, chacune ayant sa propre divinité. Au niveau le plus élevé se trouvait l'oiseau muan, une sorte d'effraie. Le monde souterrain comportait neuf strates sur lesquelles régnaient neuf seigneurs de la Nuit. Le monde souterrain était un endroit froid et inhospitalier auquel étaient destinés la plupart des Mayas après leur mort. Cet univers souterrain accueillait aussi chaque soir les corps célestes comme le Soleil, la Lune et Vénus, une fois franchi le seuil de l'horizon.
On en sait très peu sur le panthéon maya. Il renfermait un nombre incalculable de divinités dont au moins 166 portent un nom. Cette prolifération s'explique en partie par le fait que chacune des divinités se présentait sous des aspects multiples. Certaines avaient plus d'un sexe, d'autres pouvaient être à la fois jeunes et âgées. Chaque dieu représentant un corps céleste possédait dans le monde souterrain un visage différent qui se révélait chaque soir à sa «mort».
lyphe de Palenque qui représente une divinité maya. Certaines sources mayas font aussi état d'un dieu suprême unique, appelé Itzamná, auteur de l'écriture et mécène des arts et des sciences. Son épouse, Ix Chel, était la déesse du tissage, de la médecine et de l'enfantement et l'ancienne déesse de la Lune.
Les prêtres mayas n'étaient pas célibataires et il arrivait souvent que leurs fils leur succèdent. Le rôle des prêtres était étroitement lié au calendrier et à l'astronomie. Ils contrôlaient l'apprentissage et les rituels et ils étaient responsables de la computation du temps, des festivals, des cérémonies, des jours et des saisons fatidiques, de la divination, des événements, du traitement des maladies, de l'écriture et des généalogies.
Tous les rituels mayas étaient dictés par le calendrier du cycle sacré, de 260 jours et toutes les démonstrations avaient une signification symbolique. L'abstinence sexuelle était rigoureusement observée avant et durant ces événements et l'automutilation était couramment pratiquée pour fournir le sang avec lequel on bénissait, par l'onction, les articles religieux. L'élite était obsédée par le sang - le sien et celui des prisonniers - et le rite de la saignée constituait un important aspect de tout grand événement du calendrier maya. La saignée servait aussi à se concilier les dieux et au début du déclin de la civilisation maya, les chefs qui possédaient de vastes territoires couraient, disait-on, d'une ville à l'autre pratiquer ce rite pour sauver leur royaume en voie de perdition.
Pour les Mayas, le sacrifice sanglant était nécessaire à la survie tant des dieux que des humains, faisant monter l'énergie humaine vers le ciel et recevant en retour le pouvoir divin. Le roi se servait d'un couteau d'obsidienne ou d'un aiguillon de pastenague pour s'entailler le pénis, dont il laisser couler le sang sur du papier contenu dans un bol. Les épouses des rois prenaient aussi part à ce rite en tirant une corde hérissée d'épines à travers leur langue. On faisait brûler le papier taché de sang, et la fumée qui s'en élevait établissait une communication directe avec le Monde céleste.La coutume voulait que les prisonniers, les esclaves, surtout les enfants et notamment les orphelins et les enfants illégitimes que l'on achetait spécialement pour l'occasion, soient offerts en sacrifice. Avant l'ère des Toltèques, on sacrifiait plutôt les animaux que les humains - dindons, chiens, écureuils, cailles et iguanes étant les espèces jugées dignes d'être offertes aux dieux mayas.
Le chaman se prépare à célébrer la cérémonie cha-chac, qui supplie le dieu Chac de fournir la pluie. Les prêtres recevaient, pour effectuer les sacrifices humains, l'aide de quatre hommes âgés appelés chacs, en l'honneur du Dieu de la Pluie du même nom. Ces hommes tenaient les bras et les jambes de la victime offerte en sacrifice tandis qu'un autre officiant nommé Nacom lui ouvrait la poitrine. Un chaman nommé Chilam assistait aussi à la cérémonie et recevait, pendant qu'il était en transe, des messages des dieux dont les prophéties étaient interprétées par l'assemblée des prêtres.
(à gauche) Les spectacles publics de danse et de théâtre rituels, où les rois et les nobles étaient transformés en dieux en entrant dans une transe visionnaire, étaient d'autres moyens de communication avec le monde des esprits. Ponctués de chants, de musique instrumentale, couverts par les cris et les railleries des milliers de personnes venues y assister, ces rites réaffirmaient le pouvoir du roi d'être le réceptacle de pouvoirs surnaturels au profit de son peuple.
(à droite) Cette petite figurine représente un joueur de balle. Le jeu de balle symbolise le combat à mort qui eut lieu au cours de la troisième création. Le sol du terrain représente la plate-forme terrestre, qui sépare le monde humain du Monde inférieur. C'étaient les dieux qui déterminaient les vainqueurs du jeu de balle, tout comme ils décidaient qui serait victorieux à la guerre. (Photo fournie par l'Instituto nacional de antropologiá e historia) Les Mayas croyaient que lorsqu'on mourait, on pénètrait dans le Monde inférieur par une grotte ou un cenote. Lorsque les rois mouraient, ils empruntaient le chemin lié au mouvement cosmique du soleil et tombaient dans le Monde inférieur, mais parce qu'ils possédaient des pouvoirs surnaturels il renaissaient dans le Monde céleste et devenaient des dieux. Mourir de mort naturelle faisait trembler les Mayas, surtout en raison du fait que les morts n'allaient pas automatiquement au paradis. Les gens ordinaires étaient enterrés sous le plancher de leur maison, leur bouche remplie de nourriture et d'une perle de jade, et ils étaient entourés des objets et des articles religieux qu'ils avaient utilisés durant leur vie. Les tombeaux des prêtres renfermaient des livres.
Les gens de la haute noblesse étaient incinérés - une pratique d'origine mexicaine - et leur temple funéraire était érigé au-dessus de leur urne. Dans les premiers temps, les nobles étaient enterrés dans des sépulcres sous des mausolées. Certains Mayas momifiaient même la tête des seigneurs décédés. Celles-ci étaient déposées dans des oratoires familiaux et «nourries» à intervalles réguliers.
Après la conquête espagnole, les systèmes de croyance maya et chrétien ont commencé à se confondre. Selon certains archéologues, les deux systèmes accusaient de nombreuses ressemblances : dans les deux cas, on brûlait de l'encens durant les cérémonies rituelles, on pratiquait l'iconolâtrie, il y avait des prêtres et on organisait de longs pèlerinages aux jours désignés du calendrier rituel.
Deux encensoirs en céramique utilisés aux cérémonies religieuses. Celui à gauche représente le dieu Chac, qui tient un cœur humain à la main gauche et un gobelet à boire à la main droite. (Photos fournies par l'Instituto nacional de antropologiá e historia) La plupart des Mayas observent de nos jours une religion entremêlée d'anciennes notions mayas, d'animisme et de catholicisme. Certains croient toujours, par exemple, que leur village est le centre cérémoniel d'un univers soutenu aux quatre coins par des dieux. Lorsque l'un de ces dieux déplace son fardeau, il se produit un tremblement de terre. La voûte céleste est le domaine du Soleil, de la Lune et des étoiles; toutefois, le Soleil est clairement associé avec Dieu le Père ou Jésus-Christ tandis que la Lune est associée à la Vierge Marie.
Bien des Mayas sont convaincus que leurs montagnes sont à l'image des anciens temples-pyramides. Les montagnes et les collines sont également perçues comme les demeures des divinités ancestrales : des figures paternelles et maternelles que l'on honore dans leur demeure de prières et à qui l'on offre de l'encens, des poules noires, des cierges et des spiritueux. Beaucoup de villages mayas voient encore de nos jours des chamans prier pour l'âme des malades aux lieux de pèlerinage en montagne. Les Mayas croient aussi en un Seigneur de la Terre - un métis gras et vorace habitant dans des cavernes et des cenotes, qui contrôle tous les points d'eau et à qui l'on doit les éclairs et la pluie.
On croit aussi aux forces surnaturelles des esprits de la forêt. Aux quatre entrées de certains villages actuels, sont placés quatre paires de croix et quatre esprits de jaguar, appelés balam, qui ont pour fonction de chasser les démons. On invoque encore les divinités de la forêt dans les rites agricoles et l'on croit toujours que des vents mauvais, qui circulent librement dans le monde, sont cause de maladies et de souffrances tout comme les aluxob, ces nains à l'allure de lutins, qui sont porteurs de malchancesource et autre info sur les maya : http://www.civilisations.ca/cmc/exhibitions/civil/maya/mmc01fra.shtml